samedi 16 juillet 2011

Kouka, la sultane du désert




Pendant les années 40 et 50, la brune Kouka fut en Egypte l’héroïne d’un grand nombre de films de bédouins réalisés par son mari Niazi Mustapha qui possédait un réel flair pour déceler ce que préférait le public populaire : des films d’action et d’aventures, sortes de westerns en plein désert avec d’héroïques chevauchées et des bagarres à coup de sabre, qui remportaient un égal succès dans tout le monde arabe de l’Algérie jusqu’au Liban. Têtue et courageuse, Kouka parvenait toujours à échapper aux pires machinations dans les aventures un peu enfantines où elle paraissait mais aussi charmer le public par quelques jolies chansons interprétées en langage bédouin.

Née en 1917 au Soudan, Najia Ibrahim Bilal se rend très jeune en Egypte pour jouer dans la troupe Ramses formée par Youssef Wahbi, un des plus grands noms du théâtre arabe.
En 1935, elle est engagée comme monteuse dans la toute nouvelle société de cinéma « Misr » que vient de créer Talaat Harb et qui pendant près de 30 ans va constituer la Mecque du cinéma égyptien, le Hollywood sur Nil. La même année, elle débute devant la caméra dans le concierge aux cotés de Ali al-Kassar, l’acteur comique le plus populaire du moment, qui incarne avec justesse l’homme de la rue, futé et optimiste, dans lequel se reconnaissent bien des spectateurs.
Par un incroyable concours de circonstances, Kouka est choisie par le producteur anglais pour jouer dans Jéricho, le nouveau film que le mythique baryton noir américain Paul Robeson doit tourner en Afrique du Nord. Après être allée signer son contrat à Londres, l’actrice rebaptisée pour l’occasion « Princesse Kouka ». Afin d’incarner la princesse des touaregs dont Robeson tombe amoureux dans une oasis, Kouka est contrainte de se noircir le visage. Réalisé par Thornton Freeland (connu surtout pour son film Carioca qui lança Fred Astaire), le film raconte avec soin les déboires d’un soldat américain pendant la première guerre mondiale, accusé de meurtre. Considéré par beaucoup comme le meilleur film de Paul Robeson, Jéricho représentait une opportunité unique pour une artiste arabe de faire une carrière internationale (combien d’ailleurs peuvent se venter d’avoir tourné des films ailleurs qu’en Egypte ou au Liban ?) : on raconte même que Korda songeait à lui confier un rôle important dans un film hollywoodien. Peut on blâmer Kouka d’avoir laissé passer cette chance : dans cette Amérique raciste où les glamoureuses Hedy Lamarr ou Dorothy Lamour étaient grimées à grand renfort de fond de teint pour incarner les mulâtresses et où les actrices black Ethel Waters ou Hattie McDaniel étaient reléguées à faire la vaisselle, ou l’on préférait les paillettes à l’authenticité, quel rôle aurait pu être confié à une actrice soudanaise ?
Amoureuse du réalisateur Niazi Mustapha qu’elle a croisé sur les plateaux du studio Misr, Kouka préfère rejoindre le Caire pour l’épouser. Un choix des plus raisonnables quand on sait que le cinéaste, qui a fait son apprentissage à Londres et Vienne, va faire de Kouka la vedette d’une grande part de ses films pendant près de 30 ans !
Au début, il confie à sa femme des rôles dans des comédies musicales légères très inspirées des modèles américains (l’usine aux épouses 1941)où elle révèle un don certain pour le chant et une voix légère des plus agréables . Néanmoins, c’est en abordant le genre « nomade » avec Rhaba (1943), et les aventures dramatiques d’une bédouine amoureuse d’un citadin (Badr Lama, le Rudolph Valentino égyptien), que le couple décroche la timbale et un triomphe dans tout le monde arabe. (Le plus gros succès arabe depuis l’avènement du parlant). Si ces films de divertissement un peu puérils mais toujours agréables à suivre peuvent faire sourire, le très prolifique Mustafa les concevait avec le plus grand soin : les chansons étaient composées par le poète Beïram Al Tounsi, dans un dialecte susceptible d’être compris dans tous les pays arabes et Kouka avait même suivi des cours de langue bédouine.
Les intrigues avaient parfois des allures de bandes dessinées et relataient souvent les périples d’une fille kidnappée toute petite par des brigands. Devenue grande, elle apprenait à se débrouiller par elle-même en devenant une chasseresse émérite, très indépendante. Dans la sultane du désert (1947, avec Yehia Chahine), Kouka la bédouine se retrouve propulsée dans un palace libanais, ce qui nous vaut quelques scènes fort drôles de la paysanne découvrant la civilisation moderne. A la fin du film, elle sauve son fiancé, attaché près d’un bâton de dynamite en éteignant la mèche d’un coup de pistolet !
En 1945 par Niazi Moustapha inaugure la série des Antar et Abla , adaptés d’un roman antéislamique de chevalerie : des films d’aventure assez délectables comptant les malheurs d’Antar, l'esclave noir et sa cousine Abla (Kouka), qui remporteront tous de gros succès commercial : il n’est d’ailleurs pas anodin que la firme régent qui exploitait à l’étranger et en France les films orientaux avait misé sur un générique en adéquation avec ce genre, le plus populaire de l’écran arabe.
En 1953, Kouka incarne le cavalier noir : une fille perturbée qui mène une double vie, femme le jour, mystérieux cavalier noir la nuit, qui veut faire justice et venger ses parents tues par une tribu rivale lorsqu'elle était encore bébé.
Force est de constater qu’avec ses personnages de femme vive, impulsive et combative, Kouka était sans doute l’actrice la plus affranchie de l’écran égyptien et un vrai modèle pour les féministes !
En 1956, elle joue et chante en vedette dans le mélo Un verre une cigarette, film très connu car il révéla la chanteuse Dalida. Moulée dans un fourreau blanc, elle y donne une image plus glamour et moderne que dans ses aventures désertiques, avec des numéros musicaux très élaborés et dansés par la divine Samia Gamal (bien que la star se réserve un morceau musical bédouin pour ne pas décevoir les fans).
On ne sait si la nouvelle starlette et future diva de la chanson populaire eut des soucis avec Niai Mostafa, mais ce grand coureur de jupons était connu pour les mariages factices qu’il contractait avec des apprenties vedettes auxquelles il promettait monts et merveilles. Kouka ne devait pas dormir sur ses deux oreilles et elle fut très choquée quand elle apprit que son mari s’était marié en secret avec la belle danseuse du ventre Nêemat Mokhtar. Elle obligea son époux à divorcer de sa nouvelle flamme.
En 1961, Kouka tourne encore dans une énième mouture d’Antar (Antar fils de Chaddad) mais la sauce prend moins en dépit des couleurs particulièrement flamboyantes qui viennent un peu réveiller le vieux processus, et l’âge venant l’actrice se résout à jouer les mamans aux cotés de la belle Samira Tewfiq qui la remplace désormais dans les rôles de jolie bédouine.

Kouka est décédée d’un cancer en 1979. Son mari lui a survécu 7 ans : il a été assassiné dans des circonstances mystérieuses qui n’ont jamais été élucidées

4 commentaires:

  1. Merci pour cette découverte... Sans doute des films difficiles à dénicher, mais ça fait rêver...

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