samedi 18 avril 2009

Zeenat Aman, la plus sexy des étoiles de Bollywood






Portrait réalisé par Jordan White, fan de Zeenat Aman devant l'éternel

Impossible d'évoquer la comédie musicale hindi sans parler de l'incontournable Zeenat Aman qui reste dans l'esprit de nombreux fans de ce cinéma comme une figure légendaire et indétrônable. Née en 1951 en Allemagne, le 19 novembre pour être plus précis, Zeenat est issue d'une famille dont la mère est hindoue et le père musulman. Son père était notamment connu pour avoir été un des auteurs du classique de 1960 Mughal E Azam avec Dilip Kumar et Madhubala. Unique dans tous les sens du terme bien que souvent imitée, Zeenat est fille unique par sa famille. Le premier drame arrive vite dans sa vie avec la disparition de son père quand elle a treize ans. Elle obtient après son Bac une bourse pour aller étudier aux Etats-Unis. Quand elle en revient, elle s'engage pour le magazine Femina vers 1968 dont elle est journaliste avant d'être très vite remarquée pour faire du mannequinat. Les campagnes de pub entre autres l'a font apparaître sur le devant de la scène d'un milieu qui s'ouvre de plus en plus à la promotion en rotation lourde. Son visage va ainsi acquérir un impact dans le monde la mode de Bombay. Elle se présente au concours de Miss India dont elle arrive à la troisième place. Plus tard dans quelques un de ses films elle jouera la mannequin qui arrive toujours première, distinguée pour sa beauté ! Elle devient la première Miss Asia/Pacific. Une constante pour Zeenat : celle de représenter un idéal de beauté, beauté indienne s'entend mais beauté tout court également. Sa vie sera associée tant personnellement que professionnellement à l'idée d'anticiper les modes et de les construire autour de son image.

Comme bon nombre de comédiennes nées depuis le milieu jusqu'à la fin des années 70, elle consacrera une première partie de sa carrière à la mode avant de se tourner vers une carrière florissante de comédienne. On peut aussi compter Aishwarya Rai, Priyanka Chopra, Lara Dutta, Bipasha Basu ou Preity Zinta parmi ses comédiennes anciennes modèles, et plus récemment la sublime Deepika Padukone. Zeenat se lance dans le ciné en 1971. Elle vient d'avoir vingt ans et son visage stupéfiant lui ouvre grand les portes. Mais cela ne suffit pas, et son talent précoce s'illustre dès lors. Zeenat sait tout jouer, et même si ses premiers pas peuvent paraître maladroits ou balbutiants cela n'enlève rien au charisme évident dont elle se pare. Sa voix douce, ses yeux de biche, et son sourire attirent les grands réals. Elle est aussi considérée derechef comme un sex symbol pour toute une génération. Elle assumera ce statut tout en le faisant régulièrement exploser par des audaces qui n'appartiennent qu'à elles et qui seront reproduits par d'autres actrices débutantes, à toutes les époques.
Un de ses premiers grands rôles dans lequel elle paraît pourtant très timide est Yaadoon Ki Baraat en 1973, fameux pour ses chansons entrées dans l'imaginaire collectif et laissant chanter (en playback) une Zeenat Aman alors fraîche et pimpante en comédienne quasi débutante. Malgré ses faiblesses et la banalité de sa mise en scène, le film reste célèbre pour son final.


Ajanabee qu'elle signe en 1974 la met face à la caméra aux côtés d'un Rajesh Khanna fort convaincant en homme échappant d'un village qui l'a condamné pour ce qu'il n'a pas fait. Fou d'amour (on le comprend) pour le personnage de Reshmi il décide de partir à la ville pour le vivre au grand jour. Ajanabee replace la femme dans la modernité alors naissante du ciné hindi qui vit ses premiers grands masalas mélangeant chansons époustouflantes et narrations parfois décousues mais mettant l'accent sur les performances techniques et comiques. Intime et frontal, traversé de fulgurances plastiques, Ajanabee est un des premiers classiques de la belle Zeenat. Fascinés par son jeu, les réalisateurs s'arrachent l'actrice qui tournent avec les monstres sacrés d'alors (Dev Anand, Raj Kapoor, Manoj Kumar). En 1975 elle joue dans Warrant, elle tourne beaucoup entre 1975 et 1978, dans des genres très différents, du masala au drame, de la comédie à la fresque. En 1978, elle tourne avec des acteurs internationaux dans Shalimar, invraisemblable navet doublé plus tard en anglais pour une exploitation aux Etats-Unis. Sa beauté est un temps reléguée derrière l'indigence du script et la pauvreté de la mise en scène. Cependant son charme inaltérable imprime la pellicule. Pas à l'abri de tourner dans des films à la teneur improbable Zeenat se fait un renom mondial par des films encensés tout de suite ou des années plus tard. Avec Rajesh Khanna elle forme un beau couple. Elle se trouve souvent avec Prem Chopra ainsi qu'Amitabh Bachchan avec lequel elle enchaîne une série de six films jusqu'en 1983.
Elle bouleverse les normes et la donne en tournant un de ses grands classiques Satyam Shivam Sundaram en 1978 dans lequel elle fait scandale pour poser en petite tenue blanche sous une fontaine, où dévoilées ses formes font tourner la tête des spectateurs. Aucune actrice ne s'était alors dévoilée ainsi et avait été filmée de la sorte avec une telle liberté et frontalité. Sa légende est née. Le film réalisé par Raj Kapoor étonne par sa modernité, ses enjeux d'actualité et l'apparition de séquences oniriques.

Dans la foulée elle est une femme qui en veut mortellement à Amitabh Bachchan dans Don

où elle apparaît sous des airs rappelant ceux de Pam Grier dans les oeuvres qui la rendirent célèbre à l'époque de la Blaxpoitation dont Dont est une adaptation sauce curry, comme Sholay a pu l'être à celle du western spaghetti. A noter qu'un item visuel reviendra souvent dans ses films : on la voit souvent dans une chanson apparaître dans un sari blanc qui très vite bercé par les flots et laissant apparaître son corps dénudé. Une charge érotique qui ne tombera cependant jamais dans la vulgarité. Très fort.

L'année suivante elle tourne dans le chef-d'oeuvre bis Qurbani,

où elle apparaît comme une des actrices les plus incroyables de son temps, arrivant à faire fantasmer de concert deux hommes que tout sépare et qui pourtant vont vivre une intense amitié. Présenté à Cannes durant le festival et tourné en pleine fureur disco le film continue aujourd'hui de surprendre par ses audaces formelles, la qualité de sa BOF et le jeu des comédiens, tous excellents dont Vinod Khanna le papa d'Akshaye Khanna. Encore aujourd'hui le film brille par son originalité, ses séquences délirantes et ses chansons dont Aap Jaise Koi. On a rarement fait mieux dans le genre film d'action disco.
Eprise de justice elle l'est dans le discutable et discuté Insaaf Ka Tarazu

dans lequel elle réclame justice après avoir été victime d'un viol par un agresseur sans scrupule. A la fois bouleversant et tirant sur la corde sensible du tire-larmes par le long réquisitoire final, Insaaf montre une actrice sidérante de charisme,à l'aise dans les registres difficiles de l'émotion et de l'intériorisation, tout en montrant un sex appeal débordant. Ce qui ne sera pas le cas dans Gopichand Jasoos en 1982 où elle est trop grimée, maquillée quasi outrageusement dans une comédie bien faiblarde dans laquelle elle retrouve pourtant Raj Kapoor qui l'avait dirigé dans Satyam Shivam Sundaram. Leur complicité ne fait cependant aucun doute.

Après avoir tourné plus de soixante films, Zeenat délaisse les écrans à partir de la fin des années 80 pour s'occuper de sa famille. Veuve, mère de deux fils, elle les élève en restant loin des studios de cinéma. Sa vie privée est entachée de drames personnels mais aussi d'affaires politiques. Son amitié forte avec Dimple Kapadia, admirable actrice des 70's (c'est elle qui tient le rôle féminin principal de Bobby en 1973 et qui joue la femme esseulée quarantenaire dans Dil Chahta Hai dont tombe amoureux Akshaye Khanna) la sauve du pire. Elle fait un retour au ciné dans Bhopal Express en 1999 puis Jaana avec Rajesh Khanna un de ses partenaires les plus singuliers et doués. Elle devrait être à l'affiche en 2008 dans un nouveau film actuellement en postproduction.

En vingt ans de carrière très active Zeenat Aman a changé la face du cinéma indien, pimenté le ciné hindi par ses audaces constantes, réinventé la figure de la femme moderne, apporté une attitude nonchalante comme très pro, conjugué la beauté incandescente au jeu d'actrice développé voire surdoué. Figure adulée, modèle pour de nombreuses actrices ayant commencé leurs carrières au début des années 90, elle est à mon sens celle qui a inspirée sur de nombreux points Kajol, Nandita Das et Deepika Padukone. La légende de Zeenat Aman n'a en tout cas pas fini de s'écrire.


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