mardi 10 mars 2009

Shirley MacLaine, l'espiègle




Parmi les vraies personnalités de l’écran, issues de l’usine à rêve d’Hollywood, il faut réserver une place toute particulière à l’excentrique Shirley MacLaine, qui poursuit avec bonheur sa très longue carrière sous les sunlights. Si celle-ci a fait ses premières armes sur scène dans des comédies musicales, l’actrice aura finalement assez peu l’occasion de jouer dans des musicals à l’écran, le genre étant tombé progressivement en disgrâce dans les années 60.


Née en 1934, Shirley MacLaine Beatty (il semble que ça se prononce Bay-tee et non biti) baigne dès sa plus tendre enfance dans un milieu artistique : son père est un ancien chef d’orchestre et sa mère une professeur de théâtre. Dès l’âge de 2 ans, elle entame des cours de danse. Après ses études, la jeune femme gagne New York et obtient différents petits jobs de danseuse, notamment dans le musical Pique Nique en pyjama (qui sera adapté pour le cinéma en 1957 avec Doris Day). Obligée de remplacer sur le champ la danseuse Carol Haney qui vient de se casser la cheville, elle obtient un véritable triomphe. Le producteur Hal Wallis du studio Paramount lui propose aussitôt un contrat et Shirley fait ses débuts, directement en vedette dans « mais qui a tué Harry 1955» la comédie grinçante d’Hitchcock (qui remportera bien plus de succès en Europe qu’aux USA). D’emblée, la jeune vedette rouquine surprend le public par sa personnalité originale, blagueuse et espiègle.

En 1956, Shirley tourne son premier musical avec Dean Martin et Jerry Lewis : autant dire que j’avais trouvé ce film hilarant, quand je l’avais vu à la télé vers 12 ans ! (Mais qu’en penserais-je à présent si je le revoyais ?). J’avais trouvé Jerry Lewis irrésistible en débile mental rêvant de personnages de bandes dessinées et d’une cruelle femme chauve-souris. Sur un plan musical, outre les sérénades de Dean Martin (innamorata), il me semble que Shirley dansait avec Jerry un numéro comique.
Après cette parenthèse loufoque, Shirley aura la chance d’interpréter des personnages plus étoffés, notamment dans le magnifique Comme un torrent (1959) de Minnelli, qui vont en faire une star de premier ordre.
Cependant, l’industrie du film musical étant alors en crise, Shirley aura finalement peu de chance de faire valoir ses talents dans le domaine qui nous intéresse.


J’ai acheté tout récemment à la fnac le DVD de Cancan (1960), l’adaptation cinématographique de l’opérette de Cole Porter, alléché par l’affiche très prestigieuse : Shirley joue le rôle d’une danseuse de cabaret, protégée par Frank Sinatra et aimée de Louis Jourdan. Le meilleur atout du film reste les inoubliables chansons comme I love Paris et C’est magnifique (qui feront un tabac en France chantées par Luis Mariano ou Lucienne Delyle) et les ballets du moulin rouge. Pour le reste, la sauce ne prend pas, malheureusement et les acteurs semblent s’ennuyer (surtout le vieux Maurice Chevalier). Shirley n’est vraiment pas à son aise. Son interprétation des chansons est « limite », et hormis un numéro de danse acrobatique avec un apache vraiment sympathique, Shirley ne brille pas spécialement dans le ballet Adam et Eve (où Gwen Verdon avait fait sensation dans la version scénique). Pour ma part, j’aurais préféré y voir Betty Hutton, dont l’exubérance aurait apporté un peu de nerf à cette lourde production. Enfin, le DVD est très bien restauré, comme souvent à la 20th FOX.

Dans les années 60, Shirley va jouer dans de nombreuses comédies, et remporter un triomphe en incarnant une prostituée dans la version (hélas non chantée) d’Irma la Douce l’opérette française de Marguerite Monnot (en fait, on entend seulement les airs en fond sonore) dans laquelle elle est excellente. Je me souviens aussi vaguement d’un film qui se déroulait dans un grand magasin et que j’avais beaucoup aimé quand j’étais petit, mais impossible de me souvenir du titre !

En 1964, Shirley est la vedette d’un film satyrique, Mme Croque-maris, qui passe en revue en les parodiant la plupart des genres du cinéma hollywoodien (du western à la comédie musicale cinémascope). Si le film a été mal reçu à l’époque, il est vraiment délectable pour les cinéphiles : notamment la séquence avec Gene Kelly (en star imbue de lui-même) qui met en boite les productions à la Berkeley.


Après avoir été obligée de refuser la Reine du Colorado (Debbie Reynolds héritera de ce rôle en or) pour des raisons contractuelles, Shirley MacLaine a enfin l’occasion de retrouver la comédie musicale avec Sweet Charity (1967). On retiendra de ce film (ressorti en DVD) les impeccables et bouillonnantes chorégraphies de Bob Fosse ainsi que les excellentes chansons. Bien évidemment, cette version musicale des Nuits de Cabiria fait pâle figure par rapport au chef d’œuvre de Fellini (un des plus beaux films que je connaisse), et Shirley n’a pas le talent de la Guiletta Massina. Si elle a fait d’incontestables progrès dans l’interprétation des chansons par rapport à Cancan, sa prestation très (trop ?) nerveuse sera critiquée, et jugée bien inférieure à ce qu’en avait fait sur scène Gwen Verdon (encore elle !). En tous les cas, des numéros toniques comme « If you could see me now » colleront longtemps à la peau de Shirley et celle-ci les gardera longtemps à son répertoire.
Au début des années 70, à la suite d’une série d’échecs commerciaux, Shirley va se tourner davantage vers la télévision et la scène. Elle fera des tournées et des tours de chant, y compris à Paris (un CD est sorti aux USA avec son répertoire, dont bon nombre de chansons de Sweet Charity) . Apprenant que la star a mis à son répertoire une de ses chansons, Serge Lama, lui enverra 10 000 (!) roses en signe de reconnaissance (un cadeau à la fois touchant et encombrant, j’imagine).


En 1977, elle fait un joli come-back à l’écran dans le tournant de la vie avec Anne Bancroft et le danseur Barychnikov (qui a vu ce film ?) et Bienvenue Mr Chance lui vaudra une nomination à l’oscar.
Dans les années 80-90, on l’a encore beaucoup vue dans différentes comédies douce amère, et elle reste encore aujourd’hui un personnage très en vue d’Hollywood (dernièrement, elle reprenait le rôle d’Andora dans la navrante adaptation de la sorcière bien aimée). Excentrique, un jour excentrique toujours, elle prend un malin plaisir à choquer les gens bien pensant par certaines de ses déclarations ou attitudes (notamment un strip-tease mal venu dans un gala de charité). Elle est également l’auteur de plusieurs livres sur la réincarnation (Si je me souviens, Shirley serait la réincarnation de sa grand-mère et sa fille, celle de sa mère, en tous les cas, ça reste dans la famille).
En somme, une vraie personnalité, dont on a toujours plaisir à retrouver le nom sur un générique.

1 commentaire:

  1. Les chorés de Fosse sont vraiment excitantes avec les costumes, coiffures et maquillages des girls bien choisis et coordonnés. Classieux ! (je vous ai piqué l'extrait pour mon blog...!)

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